Interview de Penneteau dans la voix du Nord :
http://www.lavoixdunord.fr/sports/nicolas-penneteau-nos-supporters-ne-se-sont-pas-ia182b206n2135984
Nicolas, pourquoi ce silence ?
« Parce que je ne jouais plus et que je voulais me reconcentrer sur mon quotidien, mon travail. Et il faut aussi laisser les autres s’exprimer. »
Comment avez-vous vécu votre relégation sur le banc ?
« Je suis quelqu’un d’assez réaliste et honnête. Quand j’ai eu l’entretien avec le coach, j’ai pris sa décision en pensant d’abord à l’équipe. Si ça pouvait l’aider à prendre des points… Ce n’est pas de langue de bois. Même si c’était difficile quand arrivait le match, j’ai apporté mon soutien et mes encouragements. Après, quand les défaites s’enchainent la déception est la même. »
Et le fait que ça dure aussi longtemps ?
« J’ai eu un échange avec le coach (avant Bordeaux), le besoin d’exprimer mon ressenti. Je pense que j’aurais pu apporter quelque chose sur la fin de saison. Sans remettre en cause ce qu’a fait Magno (Novaes), avec mon expérience, sur les matchs décisifs, j’aurais pu apporter. J’ai en tout cas bossé tous les jours pour ça. Après, humainement, je ne l’ai pas mal pris. Ça fait partie du métier. C’est compliqué car je voulais que le club se maintienne et pour cela il fallait que je ne revienne pas, car si je revenais, ça voulait dire que les résultats n’étaient pas bons. »
Donc il y a des regrets à ce sujet ?
« Quand on a enchaîné les défaites… J’avais quand même l’expérience de beaucoup de matchs joués aux couteaux avec Valenciennes, des matchs pour le maintien. L’espoir, on l’a vécu sur deux matchs, après la victoire contre Rennes et celle à Evian. »
Quelle est la signification de votre retour pour les deux derniers matchs ?
« Justement, je ne sais pas trop… Jouer pour ce club a toujours été un immense plaisir, c’est tout, c’est mon professionnalisme qui parle. »
Voyez-vous votre avenir à VA ?
« Normalement oui. Maintenant, tout le monde connaît le foot et ses aléas. Moi je suis réaliste. J’ai encore deux ans de contrat. En tout cas, sur les deux dernières saisons, je n’ai pas retrouvé le Valenciennes des cinq premières années… Je souhaite que Valenciennes redémarre en L2. Tous les salariés sont dans l’attente. On parle de dépôt de bilan, en fait on n’en sait rien. On prendra des décisions en fonction de ce qui se passe. »
Les soucis financiers connus de tous ont-ils été gênants ?
« Non, nous avions un objectif sportif. Tout le monde a joué le jeu je pense, sans penser à ça. »
Mais alors où sont les responsabilités ?
« C’est un ensemble, en partie les joueurs, en partie le staff, en partie les dirigeants, en partie les recruteurs. Tout le monde est fautif même si tout le monde a essayé de donner le meilleur de lui-même. Moi par exemple je n’ai pas été assez décisif. Après, il y a eu trop de changements et le club a perdu son âme. Tu prends l’équipe de janvier 2013 et celle de janvier 2014, il y a huit ou neuf changements. C’est beaucoup trop. Et quand on change autant, on n’a pas le droit de se tromper. Il y a eu des erreurs de recrutement, des mauvais choix. »
Et le président ?
« Il a sa responsabilité, comme tout le monde. Mais heureusement qu’il a été là à un moment donné. Il est sans doute le premier déçu. Quelqu’un qui met 13 M€ de son argent personnel, on ne le verra plus jamais, à part un milliardaire… C’est un passionné, ça personne ne peut le lui enlever. Après, peut-être que s’il en avait la possibilité, il voudrait refaire certaines choses différemment. »
Le club a perdu son âme. Que voulez-vous dire ?
« Quand je dis qu’on a perdu l’âme du club au fil des années, c’est ce que je ressens sincèrement. On a laissé échapper l’humilité, la rage, la rigueur. Toutes les choses simples qui ici à Valenciennes doivent être dans notre quotidien. Nous les anciens, nous avons essayé de les transmettre avec nos qualités et nos défauts. Mais nous ne sommes que des êtres humains et nous pouvons passer au travers nous aussi. Nous avons montré l’exemple, ça, on ne peut pas nous le reprocher. »
Le groupe manquait donc de rigueur ?
« Quand je suis arrivé, c’était avec Antoine Kombouaré, il y avait de la rigueur, mais il n’avait pas besoin de nous rentrer dedans tout le temps non plus. Il y avait beaucoup d’anciens et quelques jeunes. Maintenant, c’est l’inverse, nous sommes six ou sept anciens pour vingt jeunes. Et dans ces cas-là, la minorité est obligée de se coller à la majorité. »
D’où un affaiblissement ?
« Oui. Un club comme Valenciennes n’a pas le droit à l’erreur. Il est obligé de vendre pour combler ses déficits. Et il est logique de jouer le maintien tous les ans. Il y a désormais de belles infrastructures de travail ça c’est positif. Mais on ne peut pas se tromper dans la constitution du groupe. Trop de joueurs expérimentés ou en fin de contrat sont partis. Et puis on en revient toujours aux valeurs du club. Quand Antoine Kombouaré m’a appelé, il m’a dit qu’il voulait des guerriers qui collent à l’esprit du club. Et on n’a parlé que du sportif. »
Êtes-vous inquiet pour le club ?
« Bien sûr, si le club a un gros déficit comme on le dit, comment ne pas l’être ? Si Valenciennes dépose le bilan comme Le Mans, c’est dramatique. Mais si on reprend en L2 avec un projet sportif bien calé, il y a quelque chose de bien à faire. Il y a de bons jeunes au centre. C’est le côté financier qui me fait peur, pas le côté sportif. »
Pensez-vous à un retour à Bastia ?
« Ça fait partie de ma réflexion. Ça m’intéresse, mettez-vous à ma place. Mais il n’y a pas de contacts. J’ai toujours dit que c’était le seul club du même niveau que VA qui pouvait me faire partir d’ici. »
Avec le départ de Landreau, il y a quand même une opportunité non ?
« Mais je n’ai pas de contacts. Mes enfants (qui vivent en Corse) m’en ont tout de suite parlé, papa tu vas revenir. Mais je n’en sais rien. En plus Bastia n’a plus d’entraîneur, alors... »
Personnellement, est-ce votre plus mauvaise saison ?
« Il en faut, ça s’est mal enchaîné... On ne le sentait pas au quotidien avec Stéphane Cassard (l’entraîneur des gardiens). J’ai été surpris par le manque de réussite sur pas mal de situations. Un poteau défavorable, un ballon dévié, une absence de marquage, il est là le manque de réussite. »
N’avez-vous pas été gagné par la fébrilité défensive ?
« On a changé souvent de défense. Quand tu prends des buts à tous les matchs, c’est que tu n’as pas d’assise défensive. Ce que j’ai pour moi, c’est de toujours avoir travaillé mes défauts. Après, il y a les matchs… Mais j’aurais aimé que cette rigueur soit présente à tous les étages. Mais ce n’est pas le moment de ma carrière où j’ai été le plus fébrile. Ma confiance a forcément été un peu altérée. Mais ce n’est pas ce qui m’a fait commettre des erreurs. »
Vous revenez encore sur le manque de rigueur…
« C’est au niveau de la mentalité. Quand tu t’entraînes, c’est pour apprendre. Quand tu laisses filer des choses à l’entraînement, un replacement par exemple, il ne faut pas s’étonner de le revoir en match. »
Fallait-il changer d’entraîneur ?
« Vu le contexte à ce moment-là, il fallait faire quelque chose. Nous étions dans un engrenage tellement négatif. Il fallait un regard extérieur. »
Que pensez-vous de la colère des supporters, notamment après Nantes ?
« Ce que je n’accepte pas ce sont les insultes. Le respect doit être partout, même quand on perd. Après la déception des supporters est toute légitime. Ils ne se sont pas reconnus dans leur équipe. Il y a pas mal de supporters qui connaissent le foot et ils ont constaté qu’il manquait des ingrédients. A Nungesser, même quand on perdait 0-3, on finissait cramés. Nos supporters savent qu’on n’est pas les meilleurs, mais ce qu’ils veulent c’est du combat. »
Comment voyez-vous la L2 ?
« La première chose à faire, c’est de retrouver l’âme du club. L’humilité, la combativité, le don de soi, la mentalité de travail. Quand on se souvient des belles choses, les victoires contre Marseille, le maintien à la dernière journée, etc., on est fataliste par rapport à ce qui se passe. Ici à VA, j’ai connu pas mal de défaites où on pouvait se taper dans la main et se regarder dans les yeux. Car on avait tout donné. »
L’avenir à court terme, c’est quoi ?
« Valenciennes, c’est un club que j’ai en moi. Je suis attentif à tout ce qui va se passer. Je veux bien finir à Toulouse puis retrouver mes enfants. Mais pendant les vacances, je vais aussi appeler le président souvent pour savoir ce qui se passe. »