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Fidèles malgré les difficultés rencontrées par le club, les fans sang et or commencent à faire entendre leur voix. Dans le collimateur : la direction à laquelle il est reproché un manque cruel de communication.
RC Lens. Photo Delphine Pineau / La Voix du Nord VDNP
Qu’on s’intéresse au Racing ou pas, il faut bien reconnaître que ses supporteurs ne laissent jamais indifférent. Dans les tribunes, eux au moins, ils assurent et brillent, que ce soit « à la maison » ou loin de la région. Fidèles jusqu’au bout. Et même au-delà…
Depuis près de trois mois que Lens a retrouvé sa place en L1, ils n’ont pas été ménagés, on ne va pas revenir dessus. Et pourtant, ils sont là, comme ils le chantent. « Dans la douleur ou la gloire », ils sont là. Ravalant leur rage de voir le club englué dans la difficulté. « C’est notre club. On l’aime », répètent-ils comme un refrain. À la folie. Impuissants. « Qu’est-ce qu’on peut faire ? On espère toujours… »
« Je préférerais voir l’équipe en CFA »
Mais trop, c’est trop. « Je préférerais voir l’équipe en CFA », coupe un des membres des Red Tigers, groupe de supporteurs. « En CFA et sans tous ces dirigeants ! »
Y compris Gervais Martel, revenu aux manettes en idole il y a à peine plus d’un an ? « Tous ! Aujourd’hui, les clubs de football sont des entreprises. Avec cette gestion d’amateur, n’importe quelle boîte aurait déjà coulé ! »
À peine plus loin, Christopher, dans le ton de la majorité des supporteurs sang et or, est moins radical. « À mon avis, c’est surtout l’actionnaire qui n’assure pas. Il a fallu qu’on tombe sur le plus mauvais des milliardaires. »
Ça ne le fait même pas sourire… « Si le club venait à couler, c’est toute l’économie d’un secteur qui serait touchée. Il faut s’en rende compte », poursuit un troisième larron, forcément attiré par la discussion. « Et puis, on ne sait rien ! »
C’est bien là qu’est le plus gros reproche des fidèles du RCL :la communication bancale du club. « Ça fait trois mois qu’on nous ment, qu’on nous balade, mais ce qu’on aimerait, c’est juste qu’on nous dise la vérité. L’argent n’arrivera jamais ? OK, eh ben qu’on nous le dise ! Les dindons de la farce dans tout ça, c’est nous ! »
« Le pire, c’est qu’on va peut-être se maintenir sur le terrain et que ça risque de ne servir à rien… »
Éclats de rire sur le terrain, les regards se tournent vers les joueurs qui se marrent au milieu d’un exercice. « Ça, ça nous fait plaisir, explique l’un des fans. Eux, ils assurent. Ils mouillent le maillot et ont de vraies valeurs. Notre lueur d’espoir, c’est leur état d’esprit. Ils sont en Ligue 1, qu’ils en profitent, ils ont bien raison. » « Le pire, c’est qu’on va peut-être se maintenir sur le terrain et que ça risque de ne servir à rien… », reprend Christopher.
Décidément, ce n’est pas facile d’être un supporteur du Racing pendant ces heures troubles. « Les dirigeants passent, les supporteurs restent… »
DES ACTIONS SE PRÉPARENT
À force, la patience a ses limites. Jusqu’à présent, les sections de supporteurs lensois sont restées « sages » se rangeant le plus souvent derrière l’espoir que tout allait s’arranger. Mais le temps est passé, et rien n’a changé. Alors, le ton évolue.
Plusieurs collectifs – comme Lens 2.0, par exemple – se sont exprimés, avec, à chaque fois, la même requête : que le club s’exprime et s’explique. En fin de semaine dernière, les Red Tigers se sont fendus d’un communiqué exigeant « de la direction actuelle et de l’actionnaire principal une prise de parole officielle et publique quant à la situation du club et de son avenir proche ».
Depuis ? Pas de réponse. Alors les actions se préparent… « Pour l’instant, on leur laisse le temps de nous répondre », explique l’un des membres du groupe.
Combien de temps encore ? Peut-on s’attendre à du mouvement samedi à Amiens pour la réception de Bastia, ou dès demain à l’occasion de l’entraînement ouvert au public ? « Il n’y a rien de concret, ce ne sont que des idées qui émergent. On en est encore au stade de la réflexion. »
« LA VOIX DE »... Olivier Rousies
La stratégie du silence
Dans le football moderne, un bon président ne peut plus seulement être un bon gestionnaire. Il doit aussi être un bon communicant. Le maître en la matière s’appelle Jean-Michel Aulas. Discret quand son équipe va bien, le patron de l’Olympique lyonnais parvient toujours à réinvestir l’espace médiatique quand les résultats sont moins bons. Soit pour allumer ses joueurs quand il estime qu’ils ne sont pas à la hauteur, soit pour allumer un contre-feu quand il sent la nécessité de les protéger.
Proche de « JMA », Gervais Martel a choisi d’adopter une autre stratégie de communication depuis de longues semaines. Alors que son club attend désespérément un signe et quelques millions d’euros de son actionnaire majoritaire pour assurer son avenir, le président lensois s’est muré dans le silence.
Une telle stratégie présente un avantage : elle évite de dire des bêtises. Après l’épisode de la fête des armées ou de l’erreur d’IBAN pour justifier les retards de paiement de son actionnaire, peut-être Gervais Martel a-t-il estimé qu’il valait mieux arrêter les frais.
Mais cette stratégie a aussi un inconvénient : elle laisse libre cours à toutes les hypothèses et tous les fantasmes. Hafiz Mammadov est-il en prison dans son pays ? Est-il fâché envers Martel ou simplement ruiné ? Y a-t-il un complot au sein du club ? Le risque de dépôt de bilan en fin d’année existe-t-il vraiment ?
Pour tous ceux qui aiment et suivent ce club, il est temps que Gervais Martel sorte de son silence pour livrer la vérité sur la situation réelle du Racing aujourd’hui. Même si cette vérité n’est pas celle que l’on espère entendre.
http://www.lavoixdunord.fr/sports/a-lens-la-crise-couve-entre-dirigeants-et-supporteurs-ia182b205n2370649
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Fidèles malgré les difficultés rencontrées par le club, les fans sang et or commencent à faire entendre leur voix. Dans le collimateur : la direction à laquelle il est reproché un manque cruel de communication.
RC Lens. Photo Delphine Pineau / La Voix du Nord VDNP
Qu’on s’intéresse au Racing ou pas, il faut bien reconnaître que ses supporteurs ne laissent jamais indifférent. Dans les tribunes, eux au moins, ils assurent et brillent, que ce soit « à la maison » ou loin de la région. Fidèles jusqu’au bout. Et même au-delà…
Depuis près de trois mois que Lens a retrouvé sa place en L1, ils n’ont pas été ménagés, on ne va pas revenir dessus. Et pourtant, ils sont là, comme ils le chantent. « Dans la douleur ou la gloire », ils sont là. Ravalant leur rage de voir le club englué dans la difficulté. « C’est notre club. On l’aime », répètent-ils comme un refrain. À la folie. Impuissants. « Qu’est-ce qu’on peut faire ? On espère toujours… »
« Je préférerais voir l’équipe en CFA »
Mais trop, c’est trop. « Je préférerais voir l’équipe en CFA », coupe un des membres des Red Tigers, groupe de supporteurs. « En CFA et sans tous ces dirigeants ! »
Y compris Gervais Martel, revenu aux manettes en idole il y a à peine plus d’un an ? « Tous ! Aujourd’hui, les clubs de football sont des entreprises. Avec cette gestion d’amateur, n’importe quelle boîte aurait déjà coulé ! »
À peine plus loin, Christopher, dans le ton de la majorité des supporteurs sang et or, est moins radical. « À mon avis, c’est surtout l’actionnaire qui n’assure pas. Il a fallu qu’on tombe sur le plus mauvais des milliardaires. »
Ça ne le fait même pas sourire… « Si le club venait à couler, c’est toute l’économie d’un secteur qui serait touchée. Il faut s’en rende compte », poursuit un troisième larron, forcément attiré par la discussion. « Et puis, on ne sait rien ! »
C’est bien là qu’est le plus gros reproche des fidèles du RCL :la communication bancale du club. « Ça fait trois mois qu’on nous ment, qu’on nous balade, mais ce qu’on aimerait, c’est juste qu’on nous dise la vérité. L’argent n’arrivera jamais ? OK, eh ben qu’on nous le dise ! Les dindons de la farce dans tout ça, c’est nous ! »
« Le pire, c’est qu’on va peut-être se maintenir sur le terrain et que ça risque de ne servir à rien… »
Éclats de rire sur le terrain, les regards se tournent vers les joueurs qui se marrent au milieu d’un exercice. « Ça, ça nous fait plaisir, explique l’un des fans. Eux, ils assurent. Ils mouillent le maillot et ont de vraies valeurs. Notre lueur d’espoir, c’est leur état d’esprit. Ils sont en Ligue 1, qu’ils en profitent, ils ont bien raison. » « Le pire, c’est qu’on va peut-être se maintenir sur le terrain et que ça risque de ne servir à rien… », reprend Christopher.
Décidément, ce n’est pas facile d’être un supporteur du Racing pendant ces heures troubles. « Les dirigeants passent, les supporteurs restent… »
DES ACTIONS SE PRÉPARENT
À force, la patience a ses limites. Jusqu’à présent, les sections de supporteurs lensois sont restées « sages » se rangeant le plus souvent derrière l’espoir que tout allait s’arranger. Mais le temps est passé, et rien n’a changé. Alors, le ton évolue.
Plusieurs collectifs – comme Lens 2.0, par exemple – se sont exprimés, avec, à chaque fois, la même requête : que le club s’exprime et s’explique. En fin de semaine dernière, les Red Tigers se sont fendus d’un communiqué exigeant « de la direction actuelle et de l’actionnaire principal une prise de parole officielle et publique quant à la situation du club et de son avenir proche ».
Depuis ? Pas de réponse. Alors les actions se préparent… « Pour l’instant, on leur laisse le temps de nous répondre », explique l’un des membres du groupe.
Combien de temps encore ? Peut-on s’attendre à du mouvement samedi à Amiens pour la réception de Bastia, ou dès demain à l’occasion de l’entraînement ouvert au public ? « Il n’y a rien de concret, ce ne sont que des idées qui émergent. On en est encore au stade de la réflexion. »
« LA VOIX DE »... Olivier Rousies
La stratégie du silence
Dans le football moderne, un bon président ne peut plus seulement être un bon gestionnaire. Il doit aussi être un bon communicant. Le maître en la matière s’appelle Jean-Michel Aulas. Discret quand son équipe va bien, le patron de l’Olympique lyonnais parvient toujours à réinvestir l’espace médiatique quand les résultats sont moins bons. Soit pour allumer ses joueurs quand il estime qu’ils ne sont pas à la hauteur, soit pour allumer un contre-feu quand il sent la nécessité de les protéger.
Proche de « JMA », Gervais Martel a choisi d’adopter une autre stratégie de communication depuis de longues semaines. Alors que son club attend désespérément un signe et quelques millions d’euros de son actionnaire majoritaire pour assurer son avenir, le président lensois s’est muré dans le silence.
Une telle stratégie présente un avantage : elle évite de dire des bêtises. Après l’épisode de la fête des armées ou de l’erreur d’IBAN pour justifier les retards de paiement de son actionnaire, peut-être Gervais Martel a-t-il estimé qu’il valait mieux arrêter les frais.
Mais cette stratégie a aussi un inconvénient : elle laisse libre cours à toutes les hypothèses et tous les fantasmes. Hafiz Mammadov est-il en prison dans son pays ? Est-il fâché envers Martel ou simplement ruiné ? Y a-t-il un complot au sein du club ? Le risque de dépôt de bilan en fin d’année existe-t-il vraiment ?
Pour tous ceux qui aiment et suivent ce club, il est temps que Gervais Martel sorte de son silence pour livrer la vérité sur la situation réelle du Racing aujourd’hui. Même si cette vérité n’est pas celle que l’on espère entendre.
http://www.lavoixdunord.fr/sports/a-lens-la-crise-couve-entre-dirigeants-et-supporteurs-ia182b205n2370649