Rudy Mater (VAFC): «Il faut arrêter d’avoir peur et redevenir des guerriers»
Rudy Mater et le VAFC ne sont pas au mieux. - PHOTO LA VOIX
Inquiet pour son club de toujours, Rudy Mater, 33 ans, 367 matchs pour VA, fait son retour dimanche après-midi à Bordeaux. Seul joueur natif de Valenciennes, il confie vivre des moments difficiles au sein d’un groupe où personne ne triche selon lui. Il refuse de baisser les bras et réclame une union sacrée pour tenter de renverser une situation compromise.
– Rudy, comment vivez-vous la situation actuelle ?
« Très, très mal, je ne vais pas vous surprendre. Je rentre à la maison sans sourire, j’ai du mal à dormir, je repense sans cesse aux matchs, à ce qui nous a manqué. On n’entre jamais sur un terrain pour perdre. Il faut voir les têtes dans le vestiaire. Même les joueurs qui ne sont pas d’ici le vivent très mal, il ne faut pas croire. Chez moi, ça touche tout le monde. Pas les petits, mais ma fille qui est plus grande le ressent. Elle sait que c’est mon métier, que ça ne va pas. Je n’arrive plus à regarder de foot à la télé… »
– La situation est-elle désespérée ?
« On ne peut pas dire qu’elle est bonne, c’est la pire que j’ai connue en L1 ! Ce qui laisse de l’espoir, c’est qu’on a cinq points de retard sur le premier non relégable, comme lors de la saison difficile avec Kombouaré (2008-2009). Il faut vite prendre des points. On a devant nous deux matchs très difficiles, mais tout le monde doit se mettre dans la tête qu’on est capables d’accrocher un résultat. Le groupe s’entend bien, il n’y a pas de clan, tout le monde veut bien faire. Maintenant il faut montrer une âme plus combative. »
– Valenciennois, vous sentez-vous plus touché que les autres ?
« Oui, bien sûr, c’est chez moi ici et je serai toujours là ! On sait que d’autres, quoi qu’il arrive, rebondiront ailleurs, c’est normal. Il ne faut pas leur en vouloir, c’est la vie. Et pour eux aussi c’est dur en ce moment. Après, c’est vrai, pour nous les anciens, José, Greg, Mody, David, Nico, c’est super difficile. Ce club, on l’a bâti avec nos mains. Nos pieds plutôt. On ne sait pas si on va encore jouer très longtemps, mais ce qu’on veut, c’est laisser VA parmi l’élite. »
– Qu’est-ce que ça signifie pour vous l’attachement au maillot et à celui de VA en particulier ?
« C’est différent des autres, forcément. Je suis de Valenciennes, un gars de Dutemple, alors le maillot de VA, c’est toute ma vie. C’est incomparable. Mon attachement, je ne sais pas l’exprimer, je le ressens. Avant de penser à moi, je pense au club. Et tout ce qui le touche me touche. »
– Si le club descend en L2, serez-vous à VA l’an prochain ?
« Bien sûr si on me le demande. Ma volonté est de finir à VA. En L2, on sait que le club serait en difficulté, mais on peut compter sur moi. Je suis en fin de contrat mais ma priorité est de prolonger. Mais bon, en fait nous sommes dix en fin de contrat. Ce n’est pas l’idéal mais ce n’est pas le moment de se plaindre non plus. Le club passe avant tout. »
– Êtes-vous d’accord avec les supporteurs qui crient aux joueurs : « Battez-vous comme Mater ! » ?
« Je ne sais pas quoi en penser. Tout le monde se bat mais ça ne se voit pas toujours pour certains. Et surtout moi aussi j’ai vécu des moments difficiles. En fin de saison dernière, j’ai été beaucoup critiqué. Mater, il n’avance plus, il est fini… Ça m’a blessé car je ne triche jamais et j’étais devenu un incapable. Alors je regarde les critiques d’un autre œil, y compris sur mes équipiers. »
– Comprenez-vous que certains supporteurs aient perdu patience ?
« Oui, c’est dur pour eux comme pour nous. Je comprends ceux qui sont tristes, sifflent à la fin mais nous soutiennent toujours. En revanche quand on entend Si on descend, on vous descend ! , là je ne comprends plus. C’est vraiment dur d’entendre ça. On n’y arrive pas, OK, mais on essaye et on ne mérite pas ça. C’est comme siffler avant la fin. Quand on voit à quoi se jouent les matchs… »
– Besoin de renforts au mercato ?
« Oui, si ce sont de vrais renforts. On a beaucoup de pépins physiques. Greg (Pujol), Lindsay (Rose)… Moi je viens de manquer trois matchs importants. Ça symbolise notre manque de réussite. »
– Que devez-vous résoudre en priorité sur le terrain ?
« Il faut stopper ce syndrome de la dernière minute et arrêter d’avoir peur. On se pose trop de questions. Contre Guingamp, on démarre bien, on marque et on arrête de jouer. Quand on mène d’un but, on a tellement peur d’en prendre un qu’on arrête de jouer. Il faut faire tout le contraire. C’est ce qu’on va essayer de faire dès Bordeaux. Je suis persuadé qu’on peut y arriver, je crois en la victoire. Il faut arrêter d’avoir peur et redevenir des guerriers. Dans notre situation, on n’a plus rien à perdre. Il faut juste croire en nous. »
RECUEILLI PAR RICHARD GOTTE
La Voix du Nord
Rudy Mater et le VAFC ne sont pas au mieux. - PHOTO LA VOIX
Inquiet pour son club de toujours, Rudy Mater, 33 ans, 367 matchs pour VA, fait son retour dimanche après-midi à Bordeaux. Seul joueur natif de Valenciennes, il confie vivre des moments difficiles au sein d’un groupe où personne ne triche selon lui. Il refuse de baisser les bras et réclame une union sacrée pour tenter de renverser une situation compromise.
– Rudy, comment vivez-vous la situation actuelle ?
« Très, très mal, je ne vais pas vous surprendre. Je rentre à la maison sans sourire, j’ai du mal à dormir, je repense sans cesse aux matchs, à ce qui nous a manqué. On n’entre jamais sur un terrain pour perdre. Il faut voir les têtes dans le vestiaire. Même les joueurs qui ne sont pas d’ici le vivent très mal, il ne faut pas croire. Chez moi, ça touche tout le monde. Pas les petits, mais ma fille qui est plus grande le ressent. Elle sait que c’est mon métier, que ça ne va pas. Je n’arrive plus à regarder de foot à la télé… »
– La situation est-elle désespérée ?
« On ne peut pas dire qu’elle est bonne, c’est la pire que j’ai connue en L1 ! Ce qui laisse de l’espoir, c’est qu’on a cinq points de retard sur le premier non relégable, comme lors de la saison difficile avec Kombouaré (2008-2009). Il faut vite prendre des points. On a devant nous deux matchs très difficiles, mais tout le monde doit se mettre dans la tête qu’on est capables d’accrocher un résultat. Le groupe s’entend bien, il n’y a pas de clan, tout le monde veut bien faire. Maintenant il faut montrer une âme plus combative. »
– Valenciennois, vous sentez-vous plus touché que les autres ?
« Oui, bien sûr, c’est chez moi ici et je serai toujours là ! On sait que d’autres, quoi qu’il arrive, rebondiront ailleurs, c’est normal. Il ne faut pas leur en vouloir, c’est la vie. Et pour eux aussi c’est dur en ce moment. Après, c’est vrai, pour nous les anciens, José, Greg, Mody, David, Nico, c’est super difficile. Ce club, on l’a bâti avec nos mains. Nos pieds plutôt. On ne sait pas si on va encore jouer très longtemps, mais ce qu’on veut, c’est laisser VA parmi l’élite. »
– Qu’est-ce que ça signifie pour vous l’attachement au maillot et à celui de VA en particulier ?
« C’est différent des autres, forcément. Je suis de Valenciennes, un gars de Dutemple, alors le maillot de VA, c’est toute ma vie. C’est incomparable. Mon attachement, je ne sais pas l’exprimer, je le ressens. Avant de penser à moi, je pense au club. Et tout ce qui le touche me touche. »
– Si le club descend en L2, serez-vous à VA l’an prochain ?
« Bien sûr si on me le demande. Ma volonté est de finir à VA. En L2, on sait que le club serait en difficulté, mais on peut compter sur moi. Je suis en fin de contrat mais ma priorité est de prolonger. Mais bon, en fait nous sommes dix en fin de contrat. Ce n’est pas l’idéal mais ce n’est pas le moment de se plaindre non plus. Le club passe avant tout. »
– Êtes-vous d’accord avec les supporteurs qui crient aux joueurs : « Battez-vous comme Mater ! » ?
« Je ne sais pas quoi en penser. Tout le monde se bat mais ça ne se voit pas toujours pour certains. Et surtout moi aussi j’ai vécu des moments difficiles. En fin de saison dernière, j’ai été beaucoup critiqué. Mater, il n’avance plus, il est fini… Ça m’a blessé car je ne triche jamais et j’étais devenu un incapable. Alors je regarde les critiques d’un autre œil, y compris sur mes équipiers. »
– Comprenez-vous que certains supporteurs aient perdu patience ?
« Oui, c’est dur pour eux comme pour nous. Je comprends ceux qui sont tristes, sifflent à la fin mais nous soutiennent toujours. En revanche quand on entend Si on descend, on vous descend ! , là je ne comprends plus. C’est vraiment dur d’entendre ça. On n’y arrive pas, OK, mais on essaye et on ne mérite pas ça. C’est comme siffler avant la fin. Quand on voit à quoi se jouent les matchs… »
– Besoin de renforts au mercato ?
« Oui, si ce sont de vrais renforts. On a beaucoup de pépins physiques. Greg (Pujol), Lindsay (Rose)… Moi je viens de manquer trois matchs importants. Ça symbolise notre manque de réussite. »
– Que devez-vous résoudre en priorité sur le terrain ?
« Il faut stopper ce syndrome de la dernière minute et arrêter d’avoir peur. On se pose trop de questions. Contre Guingamp, on démarre bien, on marque et on arrête de jouer. Quand on mène d’un but, on a tellement peur d’en prendre un qu’on arrête de jouer. Il faut faire tout le contraire. C’est ce qu’on va essayer de faire dès Bordeaux. Je suis persuadé qu’on peut y arriver, je crois en la victoire. Il faut arrêter d’avoir peur et redevenir des guerriers. Dans notre situation, on n’a plus rien à perdre. Il faut juste croire en nous. »
RECUEILLI PAR RICHARD GOTTE
La Voix du Nord
Dernière édition par TDF le Mer 24 Mai - 20:18, édité 7 fois