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En quelques jours de novembre 1986 le destin et un concours de circonstances font atterrir un jeune avocat parisien dans le fauteuil de président d’une USVA alors sur le point de disparaître. Trente-quatre ans après, Jean-Louis Borloo revient sur ces jours décisifs qui ont changé sa vie, celle du club et de tout l’arrondissement de Valenciennes.
ue diable allait-il faire dans cette galère ? La Voix du Nord ne cite pas Molière dans son édition du 14 novembre 1986 mais c’est tout comme. « Quelle mouche peut donc bien piquer un des plus importants avocats d’affaires parisiens à débarquer sans crier gare », lit-on alors. L’objet de ce mystère, c’est Me Jean-Louis Borloo, 35 ans, inconnu au bataillon et propulsé président de l’USVA en quelques jours.
« Le sentiment à l’époque c’était «il n’y a plus la lumière des fourneaux de Denain, si en plus on éteint Nungesser, c’est terminé». Je suis reparti bouleversé »
L’homme est avocat mais le club a alors surtout besoin d’un miracle. Dernier de son groupe de D2, à l’agonie financièrement et géré depuis de longs mois par un administrateur judiciaire, VA est à huit jours de la liquidation et pas loin de recevoir les derniers sacrements.
Un café décisif à Valenciennes
Me Colette Gadeyne, le syndic à la tête du club, tente alors son va-tout et décroche son téléphone. « On avait travaillé ensemble sur un dossier, on se connaissait un peu. Elle m’a appelé pour savoir si je connaissais quelqu’un capable de mettre un peu de sous », raconte aujourd’hui Jean-Louis Borloo. L’avocat parisien n’a personne sous la main mais promet, par amitié, de faire une halte à Valenciennes au retour d’un rendez-vous d’affaire prévu quelques jours plus tard près de Lille.
« On a pris un café et j’ai visité les installations. Elles étaient dans un état… », confie celui qui deviendra maire de la ville en 1989. Jean-Louis Borloo prend aussi de plein fouet le contexte local. « Le sentiment à l’époque c’était «il n’y a plus la lumière des fourneaux de Denain, si en plus on éteint Nungesser, c’est terminé». Je suis reparti bouleversé. » Il l’ignore encore mais sa vie vient de basculer en même temps que celle du club et de l’arrondissement de Valenciennes.
« Ça a changé ma vie »
« Ça m’a pris au cœur, je le dis d’autant plus franchement que c’était il y a plus de 30 ans », ajoute-t-il. Touché, l’avocat promet d’aider le club sans trop savoir comment et se retrouve président avant un match contre Caen le 14 novembre. L’histoire d’amour entre Jean-Louis Borloo, Valenciennes et son club de foot vient de débuter.
« Le début de l’histoire ce sont des circonstances inattendues. Ce crochet par Valenciennes en rentrant à Paris change tout. Sans ça, je n’aurais pas non plus fait de politique, je serais resté avocat »
« Pourtant je n’avais aucune intention de devenir président d’un club de foot, jure celui qui fut notamment ministre de la Ville (2002-2004). Le début de l’histoire ce sont des circonstances inattendues. Ce crochet par Valenciennes en rentrant à Paris change tout. Sans ça, je n’aurais pas non plus fait de politique, je serais resté avocat. Ma femme, je l’aime, mais celle qui a vraiment changé ma vie, c’est Colette Gadeyne. »
«Pour mon premier match, je ne savais pas trop où me mettre»
Sa toute première fois à la tête du club, Jean-Louis Borloo n’en a pas gardé beaucoup de souvenirs. Sans doute parce qu’il n’avait pas grand-chose à retenir de ce VA-Caen, programmé le 15 novembre 1986 et joué devant une assistance famélique : 1946 spectateurs. Dernier, Valenciennes vient de concéder quatre défaites de suite, n’a plus gagné depuis fin septembre et son dernier but à Nungesser remonte à fin août.
Les Nordistes accrocheront toute de même des Normands jouant les premiers rôles (1-1) et si le match ne fut pas grandiose, La Voix du Nord y voit « un début de relance » que Borloo a, lui, complètement zappé. « Je me souviens juste être allé sur la pelouse avant le match. C’était nouveau pour moi, pour mon premier match, je ne savais pas trop où me mettre. »
« Il n’y a pas un match que je ne suive pas en intégralité »
Les souvenirs sont en revanche beaucoup plus vifs à propos d’un match à Mulhouse disputé fin mars 1987 la même saison, chez des Alsaciens alors leaders. « Je m’étais pris au jeu et on marque assez tôt alors que c’était impensable qu’on gagne à Mulhouse, raconte-t-il, encore dans le match. Les trente dernières minutes m’ont paru durer trente ans. J’ai le souvenir de cette éternité-là, c’était terrible. » VA s’impose par miracle et sauvera même sa peau grâce à un sursaut sur la fin de saison. « On avait fait venir Didier Six, je lui avais dit ‘je te préviens, on n’a pas un rond’. Mais il s’en foutait, il est venu par amour du club. »
Le même attachement qui étreint toujours Jean-Louis Borloo, trente-quatre ans et bien des péripéties après avoir débarqué à Valenciennes. « Il n’y a pas un match que je ne suive pas en intégralité, assure-t-il. Je me suis souvent retenu d’aller au stade pour ne pas gêner mes prédécesseurs. C’est moins le cas maintenant mais pendant des années j’appelais le président avant chaque match pour savoir comment était l’équipe. » En suiveur attentif, « JLB », n’a d’ailleurs pas loupé une miette du bel exercice du VAFC cette saison. « J’ai trouvé que le rapport budget-performance était très bon ». Un président n’aurait pas dit mieux.
https://www.lavoixdunord.fr/747631/article/2020-05-02/football-en-1986-ce-coup-de-telephone-qui-propulse-jean-louis-borloo-la?utm_campaign=echobox_valenciennes_denain&utm_medium=Social&utm_source=Facebook&fbclid=IwAR04rsmeNbPo_l1OAbM2UGRxcSoSK-663FvrSqpSIaaP1kyvjo_iT8SPlak#Echobox=1588430500
ue diable allait-il faire dans cette galère ? La Voix du Nord ne cite pas Molière dans son édition du 14 novembre 1986 mais c’est tout comme. « Quelle mouche peut donc bien piquer un des plus importants avocats d’affaires parisiens à débarquer sans crier gare », lit-on alors. L’objet de ce mystère, c’est Me Jean-Louis Borloo, 35 ans, inconnu au bataillon et propulsé président de l’USVA en quelques jours.
« Le sentiment à l’époque c’était «il n’y a plus la lumière des fourneaux de Denain, si en plus on éteint Nungesser, c’est terminé». Je suis reparti bouleversé »
L’homme est avocat mais le club a alors surtout besoin d’un miracle. Dernier de son groupe de D2, à l’agonie financièrement et géré depuis de longs mois par un administrateur judiciaire, VA est à huit jours de la liquidation et pas loin de recevoir les derniers sacrements.
Un café décisif à Valenciennes
Me Colette Gadeyne, le syndic à la tête du club, tente alors son va-tout et décroche son téléphone. « On avait travaillé ensemble sur un dossier, on se connaissait un peu. Elle m’a appelé pour savoir si je connaissais quelqu’un capable de mettre un peu de sous », raconte aujourd’hui Jean-Louis Borloo. L’avocat parisien n’a personne sous la main mais promet, par amitié, de faire une halte à Valenciennes au retour d’un rendez-vous d’affaire prévu quelques jours plus tard près de Lille.
« On a pris un café et j’ai visité les installations. Elles étaient dans un état… », confie celui qui deviendra maire de la ville en 1989. Jean-Louis Borloo prend aussi de plein fouet le contexte local. « Le sentiment à l’époque c’était «il n’y a plus la lumière des fourneaux de Denain, si en plus on éteint Nungesser, c’est terminé». Je suis reparti bouleversé. » Il l’ignore encore mais sa vie vient de basculer en même temps que celle du club et de l’arrondissement de Valenciennes.
« Ça a changé ma vie »
« Ça m’a pris au cœur, je le dis d’autant plus franchement que c’était il y a plus de 30 ans », ajoute-t-il. Touché, l’avocat promet d’aider le club sans trop savoir comment et se retrouve président avant un match contre Caen le 14 novembre. L’histoire d’amour entre Jean-Louis Borloo, Valenciennes et son club de foot vient de débuter.
« Le début de l’histoire ce sont des circonstances inattendues. Ce crochet par Valenciennes en rentrant à Paris change tout. Sans ça, je n’aurais pas non plus fait de politique, je serais resté avocat »
« Pourtant je n’avais aucune intention de devenir président d’un club de foot, jure celui qui fut notamment ministre de la Ville (2002-2004). Le début de l’histoire ce sont des circonstances inattendues. Ce crochet par Valenciennes en rentrant à Paris change tout. Sans ça, je n’aurais pas non plus fait de politique, je serais resté avocat. Ma femme, je l’aime, mais celle qui a vraiment changé ma vie, c’est Colette Gadeyne. »
«Pour mon premier match, je ne savais pas trop où me mettre»
Sa toute première fois à la tête du club, Jean-Louis Borloo n’en a pas gardé beaucoup de souvenirs. Sans doute parce qu’il n’avait pas grand-chose à retenir de ce VA-Caen, programmé le 15 novembre 1986 et joué devant une assistance famélique : 1946 spectateurs. Dernier, Valenciennes vient de concéder quatre défaites de suite, n’a plus gagné depuis fin septembre et son dernier but à Nungesser remonte à fin août.
Les Nordistes accrocheront toute de même des Normands jouant les premiers rôles (1-1) et si le match ne fut pas grandiose, La Voix du Nord y voit « un début de relance » que Borloo a, lui, complètement zappé. « Je me souviens juste être allé sur la pelouse avant le match. C’était nouveau pour moi, pour mon premier match, je ne savais pas trop où me mettre. »
« Il n’y a pas un match que je ne suive pas en intégralité »
Les souvenirs sont en revanche beaucoup plus vifs à propos d’un match à Mulhouse disputé fin mars 1987 la même saison, chez des Alsaciens alors leaders. « Je m’étais pris au jeu et on marque assez tôt alors que c’était impensable qu’on gagne à Mulhouse, raconte-t-il, encore dans le match. Les trente dernières minutes m’ont paru durer trente ans. J’ai le souvenir de cette éternité-là, c’était terrible. » VA s’impose par miracle et sauvera même sa peau grâce à un sursaut sur la fin de saison. « On avait fait venir Didier Six, je lui avais dit ‘je te préviens, on n’a pas un rond’. Mais il s’en foutait, il est venu par amour du club. »
Le même attachement qui étreint toujours Jean-Louis Borloo, trente-quatre ans et bien des péripéties après avoir débarqué à Valenciennes. « Il n’y a pas un match que je ne suive pas en intégralité, assure-t-il. Je me suis souvent retenu d’aller au stade pour ne pas gêner mes prédécesseurs. C’est moins le cas maintenant mais pendant des années j’appelais le président avant chaque match pour savoir comment était l’équipe. » En suiveur attentif, « JLB », n’a d’ailleurs pas loupé une miette du bel exercice du VAFC cette saison. « J’ai trouvé que le rapport budget-performance était très bon ». Un président n’aurait pas dit mieux.
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