Le jeune milieu de terrain sénégalais, arrivé la saison dernière au VAFC, a fait récemment ses premières apparitions en compétition, avec des entrées face à Etaples et Orléans et une titularisation à Sarreguemines. C'est donc l'occasion de le connaître un peu mieux...
Le week-end dernier, tu as été pour la première fois titulaire avec le VAFC. Que retiens-tu de cette rencontre ?
Même si c’était ma première en tant que titulaire, je ne peux pas dire que c’était un bon match puisqu’on a perdu. Nous devions gagner ce match de Coupe, nous n’avons pas été au rendez-vous.
Mais c’était tout de même une récompense de ton travail…
Nous sommes tous des compétiteurs, nous travaillons pour jouer le week-end. Après, le coach fait ses choix et on doit les respecter, même si on ne joue pas. C’est lui qui juge quel est le meilleur groupe pour le match. Mais, pour moi, que l’on soit dans le groupe ou pas, l’important est d’être dans l’esprit et de travailler. Et la chance sourira un jour.
Dans le football, tous les joueurs n’ont pas ta philosophie, qui est très positive et collective…
J’ai toujours été comme ça, je n’ai rien eu gratuitement. J’ai toujours travaillé dur pour avoir quelque chose. Dans mon académie, au Sénégal, au début, on ne me « calculait » pas, mais je m’entraînais dur. Un jour, on m’a donné ma chance et je l’ai saisie. J’ai eu un coach qui a tout fait pour moi, qui est comme un deuxième père, mon conseiller aussi m’a beaucoup aidé. Avec eux, j’ai aussi eu cette culture de la victoire qui ne passe que par le collectif. J’ai été éduqué avec cette idée. Aujourd’hui, je suis ici, je ne joue pas, mais je travaille dur et je sais que, tôt ou tard, ça va payer. Les efforts ne sont jamais vains. Si le coach a besoin de moi, je dois répondre présent. L’essentiel, c’est de bien travailler. Le reste, ça va venir.
Dernièrement, tu as pu disputer tes premières minutes avec les pros, à Etaples, Orléans et Sarreguemines. T’es-tu dit que le travail commençait à payer ?
Oui. Au début de la saison, j’étais dans le groupe, mais je ne rentrais pas. Et là, au fur et à mesure, après deux entrées, j’ai été titulaire le week-end dernier. Cela commence à payer, je dois redoubler d’efforts. La vérité d’un jour n’est pas celle de demain. On peut être bon aujourd’hui et moins bon demain, et inversement. Mais, à chaque fois que j’ai joué, j’ai d’abord pensé au collectif, à la volonté de gagner le match. Quand on entre sur le terrain, il faut laisser de côté ses objectifs personnels.
Selon toi, dans quels domaines dois-tu le plus progresser ?
Dans tous les domaines, parce qu’il n’y a jamais de perfection dans le football. On peut prendre le cas de Zinédine Zidane : jusqu’à la retraite, il a travaillé, alors que c’était le meilleur joueur. Il ne ratait pas un contrôle, pas une passe, mais s’entraînait chaque jour à faire des contrôles et des passes. On ne maîtrise jamais un domaine à la perfection. Il faut tout travailler tout le temps, que cela soit le physique, la technique ou la tactique. En plus, nous avons un bon staff, qui nous aide dans tous ces domaines. Ils me parlent beaucoup pendant ou après l’entraînement, me conseillent tactiquement…
Tu parles certainement aussi avec tes coéquipiers plus expérimentés…
Oui, j’ai de bons rapports avec eux. Même si je ne parle pas, mes coéquipiers viennent me donner des conseils. Ils voient que je travaille dur et ne fais jamais la tête, même quand je ne joue pas. Ils aiment ça chez moi. Je parle beaucoup avec Lamine (Ndao) et Saliou (Ciss), mais c’est normal parce que nous sommes Sénégalais tous les trois, et aussi avec Damien (Perquis) et Moussa (Niakhaté). Damien a de l’expérience, il a vu N’Golo Kanté faire son chemin à Caen. Il me compare parfois à Kanté en rigolant : il me dit que je suis comme lui, que je travaille dur, mais que je ne parle jamais ! Il me dit aussi de continuer dans cette voie et que cela finira par payer.
Comment te sens-tu ce groupe ?
Bien, je l’aime bien. Ce n’est pas pareil que dans les autres clubs : même si tu ne joues pas, tu es content pour l’équipe quand elle gagne. Quand un but est marqué, tout le monde le célèbre, cela prouve qu’il y a un bon état d’esprit. Il n’y a que ça qui peut nous aider à atteindre nos objectifs.
Quels doivent être les objectifs du club ?
Nous devons viser le haut de tableau, nous avons un bon groupe. Face aux favoris, nous avons fait de bons matches, ils ne nous ont pas été supérieurs. Il faut donc avoir les mêmes objectifs qu’eux.
Le prochain match aura lieu vendredi sur la pelouse du Red Star. Comment l’abordes-tu ?
Dans ce championnat, il n’y a pas de vérité, tout est possible. Il faudra être sérieux, comme à Orléans. Nous devrons être combatifs du début à la fin et ne rien lâcher, d’autant plus que nous serons à l’extérieur. Et si l’on veut atteindre nos objectifs, il faut faire des séries.
Revenons quelques années en arrière… Quand as-tu commencé le football ?
A six ans, à l’école, j’ai commencé à jouer au foot. J’ai tout de suite adoré ça, d’autant plus que mon père jouait au foot. Il n’a pas réussi à devenir footballeur pro et, parce qu’il savait que c’était dur, ne voulait pas que je joue. Mais, grâce à mon mère, qui a parlé avec mon père, j’ai pu jouer au foot.
Au Sénégal, tu es originaire de Thiès. Est-ce une ville de foot ?
Oui ! Il y a beaucoup de joueurs, et même beaucoup de professionnels originaires de Thiès, 20 ou 25.
Petit, avais-tu une idole là-bas ?
Oui, j’avais une idole depuis tout petit, qui n’a pas réussi à passer pro. Il s’appelle Assa N’Diaye et jouait dans notre Académie, SMASH. Quand j’allais le voir jouer, je ne quittais jamais le stade sans le saluer. Et, quand j’ai rejoint l’Académie, je me suis retrouvé à jouer avec lui. J’étais très content ! Je le regardais avec les yeux qui brillaient (rires). Nous avons joué deux ans ensemble.
As-tu commencé à croire à une carrière dans le football à l’Académie ?
Oui. Avant, je jouais dans de petites équipes, dans mon quartier. Mais quand des recruteurs sont venus me parler pour me dire que des clubs étaient intéressés, je me suis dis que je pouvais réussir dans le foot.
Avais-tu peur de partir en France ou ailleurs ?
Non, parce que c’était mon objectif. Il fallait travailler pour pouvoir partir, même si c’est dur de quitter la famille. Parfois, on est un peu nostalgique, mais c’était un mal nécessaire.
Tu as débuté en France à Sedan, en CFA…
Oui, j’ai signé mon premier contrat à Sedan, mais j’étais déjà allé en France avant. Avec l’Académie, on avait fait des sessions à Caen et Strasbourg. J’avais aussi fait deux mois à Auxerre, qui m’avait proposé un contrat, mais ça ne s’est pas fait à cause d’un règlement, parce que je n’étais pas international. En revenant au Sénégal j’ai eu ma première sélection en U23, mais je me suis blessé gravement, une fracture du cinquième métatarse qui m’a empêché de jouer pendant six mois. Après, je suis revenu, j’ai été appelé à nouveau en sélection et j’ai signé à Sedan ensuite.
Et comment ce sont passées tes débuts à Sedan ?
C’était un peu dur, j’étais le seul Sénégalais et c’était la première fois que je restais en France un an sans retourner au pays. Mais par la suite, un coéquipier de l’Académie est arrivé aussi : Soro Mbaye, un ami, j’avais joué avec Lamine (Ndao) et lui à l’Académie. Cela m'a permis de m'intégrer plus facilement.
Tu t’es accroché et tu as fini par jouer…
Au début, je ne jouais, mais j’ai fini par gagner ma place. A la fin de la saison, j’ai été élu meilleur jeune du club.
Et à la fin de cette saison 2014-2015, tu as eu un contact avec le VAFC. Comment as-tu accueilli cette opportunité ?
Cela m’attirait beaucoup. J’étais venu ici, j’avais rencontré le coach, le staff et les dirigeants, qui m’avaient présenté le projet du club. Cela m’a beaucoup plu.
Et tu avais bien sûr discuté avec Lamine aussi…
Oui, il m’avait convaincu, Opa (Nguette) aussi.
Cela n’avait pas été facile à Sedan, mais t’attendais-tu à ce que cela soit aussi compliqué un cran au-dessus, à VA ?
Je savais que c’était un niveau au-dessus, mais je ne m’attendais pas à ça. Venir ici m’a permis de découvrir l’exigence du monde professionnel. On ne peut pas laisser passer des choses comme chez les amateurs.
Justement, avec l’exigence dont tu parles, quels sont les principaux changements entre les pros et les amateurs ?
Dans le foot amateur, il y a des lacunes, mais parfois, ça ne se voit pas. Mais chez les pros, il suffit d’une fraction de seconde, d’une erreur de replacement par exemple, pour que le match bascule et que ça coute cher à l’équipe.
Parmi tes coéquipiers aujourd’hui, il y a un international sénégalais, Saliou Ciss…
Oui ! En plus, il y a quelques années, j’ai regardé Saliou à la télé quand il a disputé les Jeux Olympiques avec le Sénégal, il faisait de bons matches. Et quand le Sénégal gagnait, on sortait dans la rue et on criait ! Quand je suis arrivé au VAFC, la première fois que je l’ai vu, je lui ai raconté ça, il a rigolé. J’étais content de me retrouver à côté de lui.
Il y a de vrais espoirs pour le Sénégal à la CAN (Coupe d’Afrique des Nations), qui se déroulera au Gabon en janvier…
Oui, je suis confiant. On a une bonne équipe, de bons joueurs qui sont en forme, comme Saliou. Il a fait de bonnes performances ici, à Valenciennes, mais aussi en sélection. Il y a quelque chose qui se recrée autour de l’équipe nationale. Au pays, tout le monde y croit. Comme je l’ai dit à Saliou, cette CAN, c’est la bonne ! Le minimum, c’est d’atteindre la finale. Même une demi-finale, ce serait une CAN ratée.
Quelle est ta référence dans le foot actuel ?
J’ai toujours « kiffé » Yaya Touré. Pour moi, c’est un exemple à suivre. Sa trajectoire avant de rejoindre Barcelone n’a pas été facile. Il est passé par la Belgique et d’autres championnats. On ne pas citer les dix meilleurs milieux de terrain du monde sans inclure Yaya Touré. Il a toujours été un modèle pour moi.
Source : http://www.va-fc.com/fr/saison/actualite/article/15328/L-entretien-Elhadj-Dabo.html