La réception de Strasbourg, la saison du VAFC, le goût de défendre, les conseils du coach et... Bielsa : voilà certains des sujets abordés avec Baptiste Aloé dans l'entretien de la semaine !
Comment se passe cette longue semaine ?
On a repris l’entraînement lundi dernier et le match a lieu lundi. C’est une longue semaine, il y a des jours où on a doublé les séances (mardi et mercredi). Nous avons travaillé pour oublier la défaite à Lens et préparer la réception de Strasbourg.
Avez-vous débriefé le derby ?
Oui, on a regardé la deuxième mi-temps tous ensemble. C’est sûr que l’on aurait aimé le gagner, mais, maintenant, c’est derrière nous. Il reste onze matches et il faut prendre le plus de points possible.
Strasbourg est une grosse équipe qui joue la montée, mais il faut croire en vous pour obtenir la victoire…
Oui, nous devons croire en nous. Si nous ne le faisons pas, nous n’arriverons jamais à gagner. Toutes les équipes peuvent battre les autres dans ce championnat. On sait que Strasbourg a de bonnes individualités mais, avec notre groupe, nous sommes capables de nous imposer. Après, il faut avoir tous les ingrédients pour gagner. S’il en manque un, on ne gagnera pas.
Les Strasbourgeois ont été éliminés en 8ème de finale de Coupe de France à Avranches (National) aux tirs au but. Selon toi, quelle influence peut avoir cette rencontre sur l’équipe que vous affronterez lundi ?
Perdre en Coupe de France face à une équipe de National, ça a forcément été mal vu par leurs supporters et leur coach. Je pense donc qu’ils vont venir ici avec un esprit de révolte et pour gagner le match.
C'est justement cet esprit de révolte que doit avoir le VAFC…
Oui. On peut avoir toutes les qualités du monde, il faut se battre, mouiller le maillot, tout donner. Les qualités de conquérants, de combattants, c’est important d’en avoir. On peut former un bon groupe mais, si on n’a pas ça, on est toujours rattrapé par le temps.
Depuis le début de saison, on parle de la cohésion du groupe. Comment expliques-tu les difficultés actuelles ?
Tout le monde s’entend bien dans le groupe mais, parfois, quand on est amis, on ne se dit pas les choses nécessaires pour avancer. C’est peut-être ça qui nous manque. Sur le terrain, ce que l’on veut, c’est tirer dans le même sens et gagner le match. Notre seul but, c’est la victoire. Et s’il faut remettre son coéquipier dans le match, il faut le faire, l’aider. Nous devons être droits entre nous.
Avez-vous des regrets par rapport à vos possibilités et au classement actuel ?
Oui, c’est sûr que l’on a des regrets. Je suis déçu. Quand on voit les qualités qu’il y a dans le groupe, on se dit qu’on pouvait aspirer à une meilleure place, entre 6ème et 8ème. Maintenant, nous sommes à notre place, il faut se retrousser les manches et aller au combat.
La « grinta », c’est justement ta qualité première. Malgré ton jeune âge, penses-tu pouvoir amener ça au groupe ?
Il y a des joueurs qui ont des qualités que d’autres n’ont pas, mais on ne sait jamais ce qui peut arriver durant un match. Ce qu’il faut, déjà, c’est être là pour gagner. A la fin du match, il ne faut pas avoir de regrets, on doit pouvoir se regarder dans la glace et dire « j’ai tout donné ». Si chacun des joueurs fait ça, il y aura très certainement un résultat positif à la fin.
Personnellement, tu as le goût du combat, des duels…
Oui, ce sont mes qualités, mais aussi mes défauts. Quand on est trop dans le combat, on prend des cartons. J’en prends beaucoup et cela me chagrine un peu. Il faut que j’arrive à trouver le juste milieu pour être moins sanctionné et ne pas louper de matches (ndlr : Baptiste sera suspendu pour le déplacement à Niort après avoir reçu trois avertissements). C’est un de mes objectifs.
Après le match à Lens, tu disais avoir aimé défendre avec Ahmed (Kantari). Peux-tu nous expliquer cela ?
Sur des regards, on arrivait à trouver la ligne du hors-jeu, à monter… Des trucs de défenseurs (rires) ! On compensait bien si l’un ou l’autre était pris. Je trouvais que nous n’avions pas besoin de trop nous parler pour nous comprendre.
A partir de quand, depuis que tu joues au foot, as-tu eu le goût de défendre ? Tous les petits footballeurs ont envie de marquer…
En fait, je n’ai jamais aimé marquer, j’ai toujours préféré défendre (rires) ! Depuis tout petit, je joue défenseur, latéral ou central, ou un peu milieu défensif. On m’a toujours placé là parce que je ne rechigne pas à la tâche, je fais ce que l’on me dit de faire. Je préfère que la lumière soit sur les joueurs offensifs. Nous, les défenseurs, sommes un peu des joueurs de l’ombre. J’aime féliciter un coéquipier qui marque deux ou trois buts… Nous, on nous félicitera plus tard !
C’est ton deuxième prêt au VAFC, tu es ici pour engranger du temps de jeu, mais ce n’est pas toujours facile parce qu’il y a une grosse concurrence en défense. Mais, même quand tu ne joue pas, tu as un état d’esprit irréprochable et continues à travailler pour mériter ta place.
De toute façon, on n’a rien sans rien. Il n’y a que le travail qui paie. On est là, il faut prendre tout ce qu’il y a à prendre. On ne sait pas ce que la vie nous réserve demain, et on fait le plus beau métier du monde, en vivant de notre passion. Il faut relativiser les choses. Des gens se lèvent à 6h tous les jours pour aller travailler à l’usine. J’ai voulu essayer de faire de ma passion mon métier, je sais ce que ça implique. Il y a des moments où l’on va être blessé, remplaçant… Mais, si on se donne les moyens par le travail de changer les choses, le coach le voit. Et aussi, quand on est remplaçant, il faut donner des ondes positives à ceux qui sont sur le terrain. Si un joueur fait la tête sur le banc, cela se ressent. Nous sommes un groupe de 24, il y en a 11 sur le terrain, 16 sur la feuille. Si tout le monde tire dans le même sens, on n’en récoltera que du positif. De toute façon, si on est remplaçant, le coach a fait ses choix, il voit mieux que nous et c’est lui qui décide.
Justement, le coach a eu une grande carrière de défenseur. Te donne-t-il des conseils particuliers ?
Je n’ai pas encore vu ses matches, il m’a dit qu’il me les montrerait… J’aimerais bien les voir ! Il a fait une grande carrière, que ce soit en club, en jouant pour de très bons clubs en France, ou en sélection. Dès qu’il me parle sur l’aspect défensif, je l’écoute. J’aime bien quand il me donne des conseils : il me dit ce qu’il va se passer, et c’est la réalité.
Tu es né et formé à Marseille, encore sous contrat avec l’OM. C’est donc normal que tu soies attaché à ce club, même si tu l’es aussi à VA ! Quelles que soient les histoires passées entre les deux clubs…
Oui, je n’ai pas de problème avec ça, l’histoire est faite comme ça. Je suis né à Marseille, mais je n’ai jamais eu peur de venir à Valenciennes. Si on me parle de l’affaire VA-OM, je réponds que je n’étais même pas né ! Je comprends les supporters qui ont vécu cette période et qui en gardent un souvenir amer. De mon côté, je suis attaché aux deux clubs. Je suis né et j’ai été formé à Marseille et je m’épanouis dans ma vie professionnelle à Valenciennes en ce moment. Mon histoire est celle-là. J’ai joué pendant huit ans à Marseille et cela fait deux ans que je suis ici. VA, c’est ma deuxième famille, je connais tout le monde.
C’est Marcelo Bielsa qui t’a lancé dans le monde pro à Marseille. On sait qu’il rejoindra Lille l’été prochain. En fait, il te suit…
Je ne sais pas si lui qui me suit ou l’inverse (rires) ! C’est lui qui m’a lancé, j’en garde de très bons souvenirs. Il m’a beaucoup fait travailler techniquement, tactiquement et mentalement. Il y a aussi Franck Passi que je connais très bien, je l’ai eu pendant quatre ans. Cela fait bizarre de voir des Marseillais dans le Nord (rires)… Je pense que l’arrivée de Bielsa est une bonne chose pour Lille et le foot français.
Au sujet du football français, on a vu de très beaux matches du PSG et de Monaco en Ligue des Champions. Qu’en as-tu pensé ?
J’ai beaucoup aimé Paris, je ne pensais pas qu’ils arriveraient à battre Barcelone avec un aussi grand écart. Ils les ont surclassés. J’ai apprécié aussi la prestation de Monaco sur 60 minutes. Cela montre bien que le football français est en train de progresser. Monaco m’a surpris, mais l’équipe n’a pas su tenir les 90 minutes. On voit qu’ils veulent toujours attaquer mais, à 3-2 ou 3-3, je pense qu’il faut changer de tactique et redescendre. En tout cas, ce sont vraiment de gros matches que nous espérons tous vivre un jour dans notre carrière.
Pour en revenir à Monaco, ce match sur la pelouse de Manchester City a été un spectacle incroyable, avec huit buts. Mais, en tant que défenseur, comment vis-tu ce genre de rencontres ?
Quand on est défenseur, cela nous fait mal au cœur : vers la 60ème minute, je voyais que la défense allait lâcher. On se demande alors pourquoi le bloc ne redescend pas, en jouant des ballons longs sur Mbappe… Après, c’est le foot et il faut du spectacle pour les supporters. J’ai donc quand même beaucoup aimé ce match, avec ces buts, ces attaques dans tous les sens. Monaco pouvait même revenir à 5-4… A chaque match, comme face à l’OM en Coupe de France, on voit que cette équipe monégasque est une vraie machine capable de marquer beaucoup de buts. Évidemment, quand je regarde un match, je préfère un tel score qu’un 0-0 avec un catenaccio à l’italienne. Mais je me suis aussi régalé, à l’époque, avec l’Inter de Mourinho qui a passé tout le match à défendre face à Barcelone, avec Eto’o arrière droit. A ce moment-là, l’Inter se disait que c’était la meilleure solution pour gagner le match.
En dehors de ton quotidien de footballeur, prends-tu du temps pour faire autre chose ?
Je vais souvent au restaurant avec ma femme, notamment à L’Edito, qui est partenaire du club. J’aime bien me balader à Lille, aller au cinéma. Mais il faut aussi bien faire la sieste, récupérer, c’est important pour avoir du jus le week-end.
Source : http://www.va-fc.com/fr/saison/actualite/article/15702/L-entretien-Baptiste-Aloe.html